J31-33: Visite d'Arequipa et fin de séjour au Pérou

Publié le par Iri & Vinny

Chat aréquipénien

Chat aréquipénien

Ayant entendu du bien de la ville d'Arequipa, située à 200km de canyon de Colca, on décide d'y faire un crochet avant de se rendre au lac Titicaca. En arrivant dans cette ville, en début d'après-midi du jeudi 27 mai, on se dit wow quelle pauvreté. On dirait un bidonville géant avec comme toile de fond, le volcan Misti. Il y a également une brume constante due à la poussière remuée par le traffic routier et autres activités humaines. On demande gentiment à notre GPS de nous amener vers un hôtel au centre-ville. Après une heure de lutte dans un traffic dense et dans les carrefours sans feu, on se trouve dans un beau quartier à proximité de la Place d'Armes. On pose nos valises et on file croquer une morce. On découvre cette Place d'Armes extraordinaire formée d'un carré parfait dont un des côtés d'environ 120m est occupé par la cathédrale (unique au Pérou selon nos sources). On se positionne sur un balcon d'un restaurant donnant sur la place. On observe des groupes de jeunes catholiques entrain de réaliser des fresques multicolores avec de la sciure ou du sable le long des trois côtés de la Place. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres et ont toutes pour thème la foi en Jésus-Christ.

J31-33: Visite d'Arequipa et fin de séjour au Pérou

Il y a aussi une scène devant la cathédrale et des sound checks sont en cours. On réalise que c'est aujourd'hui le Corpus Christi, une des fêtes religieuses les plus importantes du Pérou. A Cuzco, elle prend la forme de processions et rituels proches du temps des Incas, et attire énormément de spectateurs, Péruviens et touristes confondus. Ici, elle semble être plus proche des traditions catholiques d'Espagne. On quitte notre perchoir pour aller visiter le musée "Santuarios andinos", basé sur le corps parfaitement conservé d'une jeune fille, baptisée Juanita, retrouvée sacrifiée par les Incas sur le sommet d'une montagne. Sur le chemin on croise Michel, un Belge de Liège. On lui propose de se joindre à nous pour aller rendre visite à Juanita, ce qu'il accepte spontanément. On apprend que les Incas pratiquaient le sacrifice d'enfants nobles, choisis à la naissance, afin d'apaiser la colère des Dieux (le soleil, les montagnes, la terre, le ciel...), en cas d'éruption volcanique par exemple. Ces enfants étaient élevés et préparés à leur destin à Cuzco et, lorsque cela s'avérait nécessaire, devaient marcher jusqu'au lieu du sacrifice, parfois situé à plus de 300 km, en franchissant de nombreuses montagnes. Enrichis de connaissances supplémentaires sur les Incas, on retourne à la Place d'Armes pour prendre l'apéro. On découvre que la messe du Corpus Christi est en cours sur la place. Des milliers de fidèles sont accrochés aux lèvres du prêtre.

On va trinquer sur notre balcon qui donne sur la scène et on assiste à toute la messe dont le bouquet final est un char, sorte de papa mobile, suivi de plusieurs dizaine de prêtres et d'enfants de choeur, puis de la foule des fidèles, qui parcourent toute la périphérie de la place en piétinant en quelques minutes les dizaines de fresques qui ont été réalisées toute la journée. Pas facile la vie d'artiste!

Célébration du Corpus Christi à Arequipa

Célébration du Corpus Christi à Arequipa

Il commence à faire froid sur le balcon et Irène rejoint l'hôtel, alors que moi j'attends avec Michel son pote allemand baba cool. On va se boire quelques bières et discuter de voyage, ainsi que des problèmes de Michel avec son ulcère et ses difficultés de co-backpacking avec son amie végétarienne.

Le lendemain, on attaque la journée par un tour guidé d'Arequipa de près de 3h, par une jeune étudiante dynamique qui a créé sa propre boîte de « free walking tour ». On apprend que, contrairement à Cuzco, déjà habitée par les Incas à l'arrivée des Conquistadors, Arequipa a été entièrement fondée par les Espagnols. Les Incas n'avaient pas jugé le lieu intéressant pour s'établir, le lieu étant entouré de volcans en activité et fréquemment la proie de tremblements de terre. Les Espagnols, eux, ont misé sur la proximité de la mer pour développer le commerce et la culture du raisin. Les Aréquipéniens sont fiers de leur identité et certains ont même des velléités indépendantistes. Notre guide nous a démontré cela en nous présentant son passeport d'Arequipa. On visite plusieurs monuments coloniaux, dont la cathédrale. Ce bâtiment n'a plus grand chose d'origine puisqu'il a subi deux fois un incendie et un tremblement de terre de 7.2 sur l'échelle de Richter, qui a duré une minute et a fait tomber un de ses clochers.

La cathédrale d'Arequipa

La cathédrale d'Arequipa

...et encore une autre utilisation du cuy
...et encore une autre utilisation du cuy

On apprend que le shamanisme et la médecine traditionnelle sont très présents dans la région. Peu de gens vont chez le médecin. L'éviscération du cochon d'Inde noir est encore utilisée dans un rituel pour déterminer de quel mal souffre le malade. Décidément, le « cuy » est exploité de toutes les formes imaginables !

On visite aussi le marché, où on trouve des phoetus de lama et des lamas mort-nés séchés destinés à être enterrés comme offrandes.

Voyez-vous l'article bizarre coiffé d'un bonnet?

Voyez-vous l'article bizarre coiffé d'un bonnet?

Ou également des kits d'offrande composés d'une maison et de différents articles en plastique, et de faux dollars, à mettre dans la maison pour qu'elle ne brûle pas ou dans la voiture pour qu'elle tienne jusqu'en Patagonie... Au stand jus de fruits, on nous présente un cocktail spécial nommé « Rana », à l'extrait de grenouille (on ignore sous quelle forme), aux fruits, à la bière Arequipena (et non à la Cusquena), à l'oeuf et au miel. Nous renonçons à le goûter. Puis au stand des fruits, nous goûtons à la chirimoya, à la pulpe blanche et aux gros pépins noirs: délicieux. Nous goûtons aussi à la bergamote, un agrume aux allures d'un citron et au goût de mandarine. C'est l'agrume utilisé pour parfumer le thé Earl Grey.

Le centre-ville est magnifique, avec ses constructions espagnoles rappelant souvent la forteresse d'Alhambra à Grenade. Des rues piétonnes avec de petits restaurants. C'est exquis et très agréable pour flâner ici et là.

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Samedi 28 mai. Irène se réveille intoxiquée par un aliment consommé la veille. Elle accepte tout de même de lever le camp. Objectif, rejoindre le lac Titicaca. Nous renonçons à le découvrir du côté péruvien, ayant entendu dire que Puno n'a pas grand intérêt et que les îles flottantes sont un véritable guet-apens à touristes. Nous mettons donc le cap sur Copacabana, sur le territoire bolivien. 450km séparent Arequipa de Copacabana. Voici les trois faits marquants de ce parcours routier:

1) Un policier nous arrête à la sortie d'Arequipa. Il nous demande les papiers usuels, mais en plus, le « permiso de lunas ». On lui demande ce que c'est, il nous dit que c'est l'autorisation d'avoir les vitres teintées à l'arrière. On s'exclame qu'on a subi de nombreux contrôles et que jamais au grand jamais on ne nous a demandé cette autorisation. Alors qu'il est en train de nous dire que nous ne pouvons pas circuler ainsi et qu'il faut se rendre au commissariat, il reçoit un appel téléphonique, nous dit d'attendre et s'en va avec sa moto ! 10 minutes plus tard, ne le voyant pas revenir, on se demande s'il n'est pas en train de nous tendre un piège, pour pouvoir nous amender. Mais on perd patience et on repart innocemment, sans être inquiétés par la suite.

2) De retour sur le haut plateau de 4000m où on avait vu des tornades à l'aller, rebelotte, il y a cette fois une tornade à côté de la route. On observe son évolution. Elle se dirige vers les alpagas qui ne voient rien arriver. Elle chatouille d'abord un bébé qui s'enfuit apeuré vers sa mère. Puis elle atteint les premiers adultes et s'amuse à les décoiffer. Les bêtes sont toutes surprises par ce qui leur arrive. Bien-sûr il s'agit d'une petite tornade, mais je vous assure que cette scène était absolument géniale et hilarante. J'en ris encore intérieurement. Il fallait voir l'expression ahurie de ces camélidés entrain de se faire passer au foehn. C'était juste grandiose.

3) En arrivant sur Puno, on découvre le mythique et légendaire lac Titicaca. Le ciel est dégagé, le soleil en train de se coucher nous offre un ciel avec toutes les couleurs possibles. Pour ceux qui l'ignorent, il s'agit du lac navigable le plus haut au monde, situé à 3800m d'altitude.

On arrive peu après 19h00 à la frontière, et la douane est déjà fermée. On retourne donc passer la nuit à Yunguyo, dernière ville péruvienne avant la frontière. Il y a une magnifique place centrale avec une fontaine éclairée et de grands pins taillés en différentes géométries, des têtes humaines et animales, etc... Clairement au niveau d'Edward aux doigts d'argent de Tim Burton.

J31-33: Visite d'Arequipa et fin de séjour au Pérou

Il fait nettement plus froid ici que dans toutes les villes que nous avons visitées. L'hôtel n'est bien entendu pas chauffé et c'est sous quatre couvertures plus notre duvet qu'on s'endort en arrivant petit à petit à oublier la sensation d'être dans un congélateur.

Publié dans Carnet de route, Pérou

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