De Macapa à Oiapoque...et arrivée en Guyane!

Publié le par Iri & Vinny

Jeudi 22 décembre

Nous sommes très matinaux, car nous avons beaucoup de route et pas mal d'incertitudes sur cette piste de la BR 156. Il a plu cette nuit, et on se demande bien dans quel état elle sera. Toutefois nous sommes plutôt confiants car nous estimons avoir fait pire que cela durant notre voyage. Après, il y a toujours le risque de tomber en panne au milieu de nulle part, dans la boue...

Nous sommes bien de retour en Amazonie. La végétation est envahissante, les cadavres de serpents et de pians attirent les nombreux urubus et l'humidité a considérablement augmenté. Il fait gris et des averses légères tombent régulièrement.

Au loin, l'essaim le plus gigantesque d'urubus qu'il nous ait été donné de voir

Au loin, l'essaim le plus gigantesque d'urubus qu'il nous ait été donné de voir

Nous avons d'abord comme entrée 250 km de route asphaltée en bon état. Puis, en plat de résistance, les 114 km de piste de latérite. Enfin un final de 50km de route nous amenant à la petite ville d'Oiapoque. Nous arrivons en début de piste vers 11h.


 

Fin du tronçon asphalté

Fin du tronçon asphalté

Elle n'est pas très humide, mais elle est parsemée de nombreux nids de poule, bosses et stries. On comprend vite qu'il va nous falloir beaucoup de patience pour en arriver à bout. En effet, nous progressons à une moyenne de 30km/h, ce qui est le maximum pour préserver notre grand-mère. Eh oui, la Terios mérite cette promotion, ayant passé les 200 000 km hier à 35km après Macapa. Mais elle a toujours beaucoup de caractère et c'est sans problème qu'elle passe toutes les difficultés, avec sa propulsion. 


 

Ca paraît joli, comme ça, mais c'est trompeur

Ca paraît joli, comme ça, mais c'est trompeur

La plus grande difficulté arrive à mi-parcours, où il faut attaquer une pente spécialement boueuse à forte inclinaison sur laquelle plusieurs camions sont en défaut. Avec une facilité déconcertante, elle grimpe cette pente savonneuse, sans perdre d'élan, nous laissant même le temps de saluer les camionneurs au passage. Nous ne sommes pas capables de les aider. Faut pas déconner. Il nous aura tout de même fallu 4h30 pour parcourir cette piste, mais nous sommes heureux d'y être parvenus sans casse mécanique.

 
Retour de l'asphalte et Guyane en vue
Retour de l'asphalte et Guyane en vue

Retour de l'asphalte et Guyane en vue

On arrive à Oiapoque à 16h. Par curiosité, nous nous dirigeons vers le fameux pont achevé en 2011 sur le fleuve Oiapoque, reliant la ville éponyme à Saint-Georges en Guyane.

Ce pont, symbolisant l'amitié franco-brésilienne, a pour but de faciliter les échanges entre ces deux pays, lesquels se font actuellement par pirogue ou traversier. Toutefois, ce pont n'a pour l'heure jamais été ouvert à la circulation. Il y a plusieurs raisons, dont celle que des accords concernant les taxes et assurances doivent être encore finalisés, et que la France en profite pour exiger une politique plus ferme de la part du Brésil pour lutter contre l'orpaillage et la pêche illégaux exercés massivement sur le territoire de la Guyane. A proximité du pont, il y a un garde. Nous lui demandons candidement si nous pouvons passer. Il nous répond négativement et s'en va, n'ayant visiblement pas envie que nous lui posions des questions supplémentaires. Nous renonçons à l'embêter davantage, l'heure étant déjà avancée. Puis, nous filons directement vers le transporteur de véhicules situé au bout de la ville, nommé Lunay.

Il nous dit que le dernier traversier vient de partir. Il nous invite à venir le lendemain à 7h40 pour un départ à 8h. Nous partons ensuite à la Receita Federal (douane) pour régulariser la sortie de notre voiture, dont le permis d'importation temporaire est dépassé de 3 mois. Sans grande surprise, la requête de prolongation que nous avons déposée à notre arrivée à Campinas est restée sans réponse, et n'a peut-être même jamais été transmise à la Receita federal de Foz do Iguaçu. S'ensuit une grande discussion entre tout le personnel présent. Le chef dit que, puisque nous sommes légalement sur le territoire, notre voiture l'est aussi. Après une vérification du numéro de châssis, le bon de sortie de la Terios finit par être signé grâcieusement. Ouf, même pas mal! Nous allons ensuite à la Policia Federal. Autre instance, autre lieu. C'est ici que se font tamponner les passeports. A nouveau, ça ne se passe pas du premier coup, la dame nous ayant tamponné à nouveau une entrée sur territoire, alors que nous demandions une sortie pour le lendemain matin de bonne heure. Les tampons obtenus, nous filons chez un laveur de voitures. La Terios, arrivée recouverte de latérite, est minutieusement astiquée sous toutes ses coutures et ressort une heure plus tard toute scintillante. Notre grand-mère est resplendissante et prête à se marier. Nous trouvons ensuite un pousada au centre nommée justement Central. Ce doit être l'hébergement le plus craignos que nous ayons eu au Brésil, sentant le moisi et avec un pommeau de douche tout rouillé fuyard laissant une trace d'eau orangée au sol. Mais les autres hôtels que nous avons visités n'offrent des prestations qu'à peine supérieures pour un prix bien plus élevé. Internet ne fonctionne pas, malgré ce qui nous a été affirmé à la réception. Nous nous mettons ensuite en quête de nourriture et notre choix se porte sur un petite enseigne au bord du fleuve offrant d'excellentes brochettes accompagnées de riz et d'une micro-salade.

L'ambiance d'Oiapoque est particulière, comme c'est souvent le cas des villes-frontière. Pour avoir séjourné dans de nombreuses villes du Brésil, on peut dire que ce n'est pas vraiment une bonne carte de visite du pays. Les gens nous y semblent moins accueillants et bienveillants qu'ailleurs au Brésil. On peut les comprendre, ils doivent avoir leurs raisons. Bon quand on leur parle en portugais, ils s'ouvrent et deviennent plus sympathiques. C'est aussi une région d'orpailleurs et certainement de trafiquants en tout genre, dont on sait que la gâchette est facile. Nous avons entendu dire que la police y a également des méthodes spécialement brutales. Nous y étions déjà venus il y a 2 ans, sans connaître le Brésil. Lors de ce passage, en période de carnaval, deux Français nous ont raconté que des policiers avait tiré la veille, en pleine liesse, sur deux individus. Bref c'est vraiment le far-west du Brésil. Malgré cela, pour avoir pratiqué le Brésil, on se sent plus à l'aise qu'il y a 2 ans, connaissant un peu mieux ses habitants.

Ce matin, notre pousada nous fait la surprise de nous proposer un excellent petit déjeûner, comprenant de délicieuses pâtisseries maison. Quelques Français, Métropolitains et Guyanais, sont attablés au restaurant. Nous nous dépêchons d'aller chez Lunay pour y être à 7h40. Inutilement, car celui-ci arrive n'arrive qu'à 8h15. Nous sommes les seuls à faire la traversée depuis Oiapoque, pour laquelle nous payons 80 EUR. Cette traversée est magnifique. Nous savourons, outre les superbes paysages et le passage sous le colossal pont de l'Oiapoque, le goût triomphal de l'atteinte prochaine de notre destination.

Le traversier Lunay

Le traversier Lunay

Au revoir Brésil

Au revoir Brésil

Trio de choc sur l'Oiapoque

Trio de choc sur l'Oiapoque

Arrivée en Terre promise

Arrivée en Terre promise

Nous croisons un autre traversier de Lunay venant de Saint-Georges, contenant sa capacité maximale de 8 véhicules. Beaucoup de Brésiliens font la traversée depuis Saint-Georges pour passer Noël au Brésil. En arrivant à Saint-Georges, de nombreuses voitures attendent en file pour prendre le bac. Un homme inquiet nous demande l'état de la piste de Macapa. Nous le rassurons, lui faisant savoir que n'importe quel véhicule peut passer sur cette piste en ce moment. Nous nous faufilons à travers la file de véhicules. Ca y est. Nous sommes en Guyane. A bientôt les Kourouciens !

De Macapa à Oiapoque...et arrivée en Guyane!

Publié dans Carnet de route, Brésil

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J
Bravo à vous, bonne année 2017 et au plaisir de vous revoir, JPI
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